Philippe Herbet - Dadas
Photographies et textes — Philippe Herbet
Maquette et relectures — Emmanuel d'Autreppe et Philippe Herbet
Graphisme — Matthieu Litt
Format 18x24,5 cm
136 pages en quadrichromie
Papier : Munken print white
signet
Reliure : Cartonné très fin, dos rond, toile + dorure
Edition limitée à 400 exemplaires
Français
Parution mars 2021
ISBN : 978-2-930754-28-4
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Philippe Herbet : Albert Dadas
Dis-moi qui tu hantes…
Qui fut — ou qui est — Albert Dadas? Peut-être un énigmatique voyageur, l’un des premiers « dromomanes » diagnostiqués à la fin du XIXe siècle: en cette période des nations et des frontières, zébrée par les vagabondages en tous genres, ce modeste employé du gaz bordelais est atteint d’un « automatisme ambulatoire » qui le mène, longuement ou brièvement, de Valenciennes à Moscou (via Liège!), de Prague à Varsovie, de Berlin à Minsk. Un aventureux plus qu’un aventurier, qui trébuche et se relève, d’une main laisse des traces, de l’autre les efface.
Qui est — ou qui fut — Philippe Herbet? Peut-être un artiste itinérant, prétendument né à Istanbul en 1964. Il photographie, écrit beaucoup — dessine un peu, depuis quelque temps. Lui aussi sait l’art de la fugue: les siennes l’ont souvent mené vers l’Est (Russie ou Biélorussie) ou aux portes de l’Orient (Turquie, Arménie, républiques du Caucase); elles ont régulièrement déjà donné lieu à des publications en volume, mêlant volontiers texte et image.
Se pourrait-il que ces deux-là ne fassent qu’un (et, ajouterait le moraliste anglais, si oui, lequel)? Herbet-Dadas, c’est tout un; ou du moins cela a-t-il tendu à le devenir. Car dans cette histoire de duo comme dans toutes, qui s’empare de qui, en définitive? Enquête ou délire, souvenir et projection, dérive et obsession, fiction personnelle et documentaire anachronique, le projet « Dadas » mêle en cours de route, et depuis bientôt cinq ans, photos d’époque et d’aujourd’hui, textes d’époque et d’aujourd’hui, guides touristiques ou témoignages spirites… signes, humeurs, réminiscences, scories. Les trajectoires s’emmêlent, les coïncidences se multiplient, de fulgurances en disparitions.
À rebours de lui-même, et des terrains familiers sur lesquels on croyait pouvoir l’attendre, Philippe Herbet partage une tentative qui n’est pas sans risque: quelque part entre la mise à nu et la dissolution complète de soi, une quête historique tout autant que spirituelle et psychologique, un voyage beaucoup plus intérieur que ses précédents. En temps de pose long, ses images mises en scène sont des autoportraits sans l’être: « Je suis son fantôme et il est le mien; je suis dans le cadre, à la fois son acteur et le mien. » Et si la beauté des femmes continue de jalonner et d’aimanter les déambulations méandreuses ou statiques du photographe, elle se fond à présent dans les tapisseries fanées, les paysages incertains, les photos déjà presque effacées — la neige blanche, les heures bleues…
La « disparition de soi » et la liberté de mouvement (des êtres, des peuples) ne sont-elles pas, par ailleurs, des problématiques très actuelles — autrement dit, tout autant tournées vers le passé que vers l’avenir?
Qui sait: voilà Herbet et Dadas reliés dans l’espace, et rattrapés par le temps. Par eux-mêmes.
Emmanuel d’Autreppe, janvier 2021
Photographies réalisées entre 2015 et 2019
de Bordeaux à Bâle via Valenciennes, Liège, Cologne, Würzbourg, Vienne, Prague, Varsovie, Minsk, Moscou, Odessa, Istanbul, Strasbourg et Genève.
Publié par Contretype, L'image sans nom et les Editions du Caïd
Réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, secteurs des Arts plastiques et du service culture de la Province de Liège